Monday, July 25, 2011

Faire l'opposé

Le texte suivant est un article de Marshall Govindan Satchidananda, à propos de la non-violence comme première de toutes les pratiques yoguiques recommandées par Patanjali dans ses Yoga Sutras (un des textes fondateurs et unificateurs du Yoga tel qu’on le comprend aujourd’hui). Vous trouverez de nombreuses publications de M.G. Satchidananda, remarquable enseignement profondément dédié à la recherche et à la transmission de la tradition originale du Yoga, sur http://www.babajiskriyayoga.net/french/bookstore.htm .
Faire l’opposé : les yamas et ahimsa
Par M.G. Satchidananda
Les novices du Yoga sont souvent surpris d’apprendre que la plupart de ce que nous faisons dans le Yoga est intentionnellement l’opposé de ce que notre nature humaine nous motiverait généralement à faire. A côté des exemples évidents, comme de rester conscient quand les yeux sont fermés plutôt que de dormir, ou de se tenir sur la tête plutôt que sur nos pieds, le Yoga nous demande de nous conduire à l’opposé de notre comportement social naturel. Ce ne sont pas seulement des injonctions morales ou éthiques, comme dans un contexte religieux, cela a une fonction utilitaire.
Dans cet éditorial, premier d’une série de cinq articles, je démontre comment le Yoga nous demande de transformer notre nature humaine. La base pour cela repose sur les yamas, ou les réfrènements sociaux prescrits par Patanjali. Elles sont des observations très pratiques et importantes qui facilitent aussi bien la réalisation de Soi que la transformation de notre nature humaine. En suivant les Yamas, le mental du pratiquant est apprivoisé et devient un conduit pour l’expérience sans entraves de la plus grande conscience, du Divin, du Véritable Soi. Cet objectif est exprimé de cette manière :
Le Yoga, c’est la cessation (de l’identification avec) les fluctuations (arrivant dans la) conscience. Alors le témoin demeure dans sa véritable nature propre.
Patanjali’s Yoga Sutras : 1.2-1.3
Cela est aussi élaboré depuis une perspective plus mentale et émotionnelle par le divin Krishna à son disciple Arjuna :
Une personne dont l’esprit est non perturbé par la tristesse, qui ne désire plus ardemment les plaisirs, et qui est libre de l’attachement, de la peur et de la colère, une telle personne est un éclairé d’une sagesse stable.
Bhagavad Gita : 2.56
Les réfrènements sont la non-violence, la véracité, le fait de ne pas voler, la chasteté et de ne pas être cupide.
Yoga Sutra : 2.30
Et dans le verset suivant (2.31) Patanjali affirme que les cinq pratiques constituent le « Grand vœu » de la discipline morale :
Ce Grand Vœu est universel, non limité par la classe, la place, le temps ou les circonstances.
Un autre Siddha immortel, Tirumoolar, conseille un grand nombre de réfrènements :
Il ne tue pas, il ne ment pas, il ne vole pas,
De vertus marquées il est bon, doux et juste ;
Il partage sa joie, il ne connaît pas de défaut ;
Il ne voit, ni n’envie

Tirumandiram : 554
Dans ce premier article, nous concentrerons notre attention sur le premier yama mentionné par Patanjali, ahimsa, qui est la non-violence. C’est important de comprendre que les yamas sont en liés les uns aux autres, et aussi avec les niyamas, ou les observances disciplinées. Par exemple, le niyama du contentement (santosha) nous protégera du vol. De plus, voulant dire « réfrènement », yama est aussi le nom du Roi de la Mort, qui rappelle à l’esprit qu’il doit y avoir une mort à l’ignorance, laquelle est la source de l’égoïsme, de l’attachement et de la répulsion.
En pratiquant ces réfrènements, le corps subtil et ses canaux d’énergie sont purifiés, permettant à plus d’énergie et de force de vie de couler au travers d’eux, ainsi qu’à faciliter le mouvement vers le haut de la Kundalini au travers des chakras.
Nous sommes tous ennuyés par des obstacles et des problèmes alors que nous nous tournons vers le divin, pour attirer notre plus haut potentiel. Il est nécessaire d’examiner constamment nos pensées, nos mots et nos actions avec conscience et discrimination – vous pourrez alors arriver à la compréhension des causes des problèmes et des obstacles qui surviennent, et par quels moyens ils peuvent être évités. En tournant votre attention vers l’intérieur (conscience de Soi) pour observer les obstacles intérieurs, les pensées et les sentiments, les obstructions seront révélées. Vous pourrez prendre conscience de ce qui agite l’esprit et de ce qui voile la vérité.
Ahimsa : la non-violence.
Dans l’état d’union divine, Samadhi, les sages yoguiques ont unanimement exprimé que toute vie est une. Si nous visons cette réalisation, nous devons affirmer cette unicité et  cette union par le fait d’être bienfaisant, compatissant et respectueux envers tous les êtres vivants en pensée, mot et action.
Ahimsa est bien plus que le fait de ne pas tuer, bien plus que l’injonction Biblique : « vous ne tuerez point ». Pour vivre en ahimsa, il est important de développer une attitude de parfaite innocuité avec de l’amour positif et du respect envers toute vie, pas seulement dans nos actions, mais dans nos pensées et mots aussi. Avec la perfection de l’ahimsa, on réalise l’unité et l’unicité de toute vie et on atteint l’amour universel, la paix et l’amour. Avec une pratique parfaite de ahimsa, on s’élève au-dessus de la colère, de la haine, de la peur, de l’envie et de l’attachement. En conséquence, notre conscience devient purifiée. En cultivant l’opposé de himsa c’est-à-dire en cultivant le pardon, nous pouvons détourner de tels sentiments qui ne blessent pas seulement les autres, mais à terme nous-mêmes.
La pratique de ahimsa requiert que l’on s’abstienne de causer ou de souhaiter du tort, de la douleur ou de la souffrance à toute forme de vie, y compris à soi-même et au monde dans lequel on vit. Cela requiert aussi que l’on dissuade les autres d’actions nuisibles ou violentes, que l’on intercède pour empêcher himsa ou le tort aux autres, en action, mot ou même pensée. Nous ne devrions pas seulement nous abstenir de causer du tort à tout être vivant, mais aussi à toutes les manifestations de la vie – il peut y avoir de la violence dans la façon dont on ferme une porte, dépasse quelqu’un sur une autoroute, appelle un nom, ou dans l’humeur aigre que vous infligez aux autres.
Les sceptiques peuvent douter : est-il réaliste d’attendre des humains qu’ils pratiquent ahimsa ? Après tout, ils peuvent argumenter que notre nature humaine est pleine d’agressivité, née de l’égoïsme. Et notre culture l’y encourage au travers de la glorification de la violence, de la compétition, du gâchis et de l’envie. Mais alors qu’il est vrai que la nature humaine a ses fragilités, elle a aussi ses forces, et plus encore le potentiel pour la compassion, l’amour et la bonté. Les humains ont l’unique capacité parmi tous les animaux de ne pas concevoir seulement leur propre potentiel pour la perfection, mais de noter aussi leurs imperfections, et de s’appliquer à faire un pont entre les deux.
Dans les temps modernes, inspirés par l’exemple de Mahatma Gandhi, nous avons été témoins du pouvoir transformateur et guérisseur d’ahimsa dans la philosophie et la pratique de l’action sociale non-violente, au travers de manifestations, grèves, piquets, sit-in, « teach-in » et de ralentissements de travail. Nous avons vu cela contribuer à la fin de la colonisation de l’Inde, de l’apartheid en Afrique du Sud, et au droit de vote des femmes en Amérique.
Comment pratiquer individuellement ahimsa au quotidien ?
A un certain point dans le développement spirituel d’une personne, ahimsa devient une expression du sentiment intérieur de l’unité avec toute chose. La révérence envers la vie devient sans effort. Jusque là, cependant, on doit s’observer, ainsi que son comportement personnel, en voyant l’interconnexion entre soi-même et les autres, localement et globalement, autant que les conséquences de ses pensées, ses mots et ses semences.
a. nos pensées. Nos pensées sont puissantes. Ensemble avec les émotions de notre corps vital elles déterminent nos mots et nos actions. Si nous avons des pensées et des émotions positives, tels que l’enthousiasme, l’amour, la sympathie, la confiance, nous pouvons inspirer et élever les autres. Mais si nous avons des pensées et des émotions négatives comme la colère, le ressentiment, la dépression, l’anxiété, l’orgueil, nous nuisons aux autres autour de nous. Même si nous ne voulons pas intentionnellement leur nuire, notre froideur et notre indifférence le font. A un niveau pratique, au lieu de penser aux autres de manière critique, nous pouvons choisir de les bénir, de leur souhaiter du bien. En aimant les autres, nous ne développons pas seulement notre niveau d’énergie, mais aussi celui des autres autour de nous. Alors nous devons prendre la responsabilité de comment nous nous présentons au monde, reconnaissant l’effet que nous avons sur eux à un niveau subtil de pensée et d’émotion. A ce niveau, ahimsa est vraiment une expression positive d’amour.
b. nos mots. Ce que nous choisissons de dire ou de ne pas dire a des conséquences. Nos mots peuvent nuire autres, particulièrement quand ils sont exprimés avec une émotion négative, comme la colère. Et ils nous nuisent à nous-mêmes, en créant de la confusion dans l’esprit. En étant silencieux, en disant seulement ce qui est nécessaire, après réflexion, seulement ce qui est édifiant pour les autres, nous pouvons apporter la paix non seulement aux autres, mais aussi à nous-mêmes. Quand nous sommes avec les autres, nous pouvons être le plus utile et le plus aimant en leur donnant notre complète attention, en tant qu’auditeur bon et sympathique. Notre plus grand don aux autres est le don de notre conscience ; et nous pouvons donner cela en étant complètement présent. Nous pouvons éviter d’offenser ou d’insuffler du ressentiment chez les autres en ne procurant pas de conseil indésirable. Quand nous sommes complètement présents et conscients, les autres autour de nous deviennent plus présents et conscients. La grâce naît spontanément comme une conséquence.
c. nos actions. Toutes nos actions ont des conséquences morales. Par exemple, comment notre travail affecte l’environnement. Comme nous sommes tous interdépendants, nous causons himsa à l’environnement quand nous ajoutons à l’impact des gaz à effets de serre notre consommation de viande, l’utilisation de l’automobile ou notre demande pour des formes d’énergie qui contribuent au réchauffement global ; l’ignorance de ces effets n’est pas une excuse. Nous sommes responsables, que nous le réalisions ou non. Et l’effet cumulatif est très important. Dans notre culture matérielle moderne, les valeurs prédominantes de consommation, compétition, individualisme et agressivité sont responsables des crises économique, environnementale, de santé, politique et sociale auxquelles nous sommes confrontés. La glorification de la violence est responsable des guerres, de l’abus des enfants, des femmes, des personnes âgées et de la plupart des plus de deux millions de personnes incarcérées aux Etats-Unis aujourd’hui. Même un petit effort pour changer nos habitudes égoïstes de consommation et pour remplacer ces valeurs par celles de ahimsa aura un effet significatif. Nous devons tous apprendre à simplifier, conserver, recycler, consommer des denrées alimentaires complètes cultivées localement, et à éviter de créer de la demande pour des produits dont la production cause des dommages non nécessaires à l’environnement. La première et principale action que nous devons tous faire si nous pratiquons ahimsa est de devenir végétarien. Il n’y a pas d’excuse pour contribuer à la souffrance de milliards de bêtes d’élevage, de volailles et de poissons, en vivant comme des êtres conscients qui ressentent la souffrance et qui évoluent en conscience) – ce que nous sommes précisément. On n’a simplement pas besoin de consommer de la nourriture non végétarienne pour être en bonne santé. Après avoir été un végétarien strict pendant quarante ans, j’ai récemment eu un bilan de santé complet,  avec de nombreux tests en laboratoire et j’ai été trouvé en excellente condition physique. De nombreuses études ont démontré que les populations en meilleure santé et vivant le plus longtemps sont végétariennes.
Nuire aux autres est une ultime nuisance à soi-même. Ahimsa commence avec soi-même incluant son corps et son esprit : les purifiant de l’égoïsme, de l’illusion et des habitudes négatives. Puis cela inclut l’environnement social immédiat : la famille, les amis, les collègues et les animaux de compagnie desquels on est responsable. Si nous ne pouvons pas toujours avoir de la compassion, nous pouvons au moins éviter de nuire délibérément aux autres. Nous avons besoin de cultiver un sens universel de responsabilité les uns pour les autres et pour la planète que nous partageons.
Pratiques suggérées de ahimsa :
1.     Nous avons besoin d’examiner notre vie personnelle, nos situations de travail, nos interactions sociales, pour observer comment nous pouvons appliquer ahimsa. Ensuite, visualisez-vous à la maison, au travail et dans des situations sociales, et imaginez votre réaction à certains challenges de pensée, de parole et d’action sans nuire.
2.     Analysez vos tendances bonnes et mauvaises. Enregistrez dans votre journal de méditation à la fin de chaque journée votre conduite, vos pensées, vos mots et vos actions. Soyez complètement honnêtes avec vous-mêmes et faites les changements nécessaires pour l’amélioration. Entrainez votre esprit à la pensée positive, aux pensées inspirantes.
3.     Affirmation. Chaque jour je deviens plus conscient. Je reste vigilant(e) envers les différences superficielles et les conflits. Je discrimine sagement. Je m’abstiendrai de critiquer, de trouver des fautes, de juger et d’accuser les autres d’erreurs. Je me considère, et les autres, dignes d’amour, de pardon et de respect. L’amour est ma nature divine et j’ai une capacité sans fin pour l’amour qui cherche toujours une expression à travers moi. Le Divin habite en chaque cœur. Toutes les personnes sont des expressions de la Vie unique.  Il n’y a pas de place pour causer du tort dans l’amour.
4.     Rendez service aux autres et  effectuez vos actions avec amour et conscience, offrant tous les fruits de vos actions au Divin. Pardonnez tous ceux qui vous ont « blessé ».
5.     Etudiez les vies des grandes âmes qui ont atteint la perfection en ne nuisant pas, tel Bouddha, Jésus Christ, Mahatma Gandhi et Saint François d’Assise.
© Droits d’auteur 2010 par Marshall Govindan

Bounded boundless Yogi!

To Yogi Bhajan, a public figure that brought Kundalini Yoga to the West in a very shamanic manner, gathering thousands of students and creating dozens of corporations in 30 years of restless sharing of his experience of seeker, “marriage is the highest yoga” – which we can understand as “through the challenge of confrontation and melting with the other we face the highest opportunity of self-realization”.
Yogi Bhajan repeated incessantly that we are on the edge of a very new age where collective consciousness is bound to raise. This collective consciousness (that begins to show signs of great evidence on such networks as the internet web) is a necessary step from individual to universal consciousness, step in which we learn to see the other as another part of ourselves, in which we pardon, allow and embrace any conflict situations within us and with all our relations.
According to indigenous worldview also, our times are blessed with a very special opportunity to put together all the “fragments of an unknown teaching”, the pieces of a huge puzzle of wisdom scattered in the 4 corners of the Earth that, if we don’t humbly receive in our open heart and mind, will be lost forever. According to them, this is a time for us to come back to our Elders and ask them to teach the world again how to live as One People united on One Planet.
These souls shall be very pure and white to contain the spirit of the all-colourful Rainbow of Life about to appear. Besides, in the purity of ourselves, we shall discover a unique frequency for us to vibrate, to be in perfect harmony and complete realization within the Whole. Bounded boundless Yogi!

Thursday, May 19, 2011

Lettre ouverte suite à l'article de Meera Nanda paru dans le Courrier international d'avril 2011

Qu’est-ce que les yogis pensent de la revendication du lobby hindou américain sur le droit de propriété du yoga ? « Neti Neti ! Ni ceci ni cela ! »  Ce ne sont ni les brahmanes ni les diverses professeurs contemporains « certifiés » qui possèdent le yoga mais c’est Shiva ! L’être originel, primordial, dont la nature profonde est en nous… mais que nous ne sommes pas encore complètement ! Sinon ne pourrions-nous pas boire le poison du monde sans sourciller en dehors de notre état de grâce ?

Peut-être devrions-nous mieux nous entendre sur le terme de yoga… Si Patanjali n’a pas mentionné le détail des postures dans ses Sutras, c’est peut-être parce qu’elles étaient de bien moindre importance et possiblement variables en fonction des contextes et des étudiants, en comparaison avec les enseignements universels et fondamentaux qu’il souhaitait transmettre.

Dans les Yoga Sutra il est fait mention de la dévotion comme sorte de raccourci pour atteindre la conscience suprême de l’être originel. Je crois que c’est un point intéressant que soulève l’histoire de ce lobby hindou : sommes-nous dans un état de gratitude envers nos professeurs ? Et envers les professeurs de nos professeurs ? Et envers les professeurs des professeurs de nos professeurs ?

Sans gratitude et acceptation, la pratique des asanas peut être dangereuse et nous ne pratiquons pas un art de vivre complet et équilibré. Ce message est à mon avis primordial à intégrer alors que notre planète suffoque sous l’effet de nos désirs incontrôlables de transformation. Nous sommes tels des savants fous éternellement insatisfaits ou tels des adolescents reniant leur filiation et les conseils des plus Anciens.

En pratiquant les techniques avancées révélées plus ou moins clairement dans les Yoga Sutra, on peut être mis en relation avec une conscience supérieure capable de guider l’actualisation de nos pratiques plus physiques, selon notre stade d’évolution. Il me semble que c’est en s'approchant de ce genre d’absorption cognitive (samadhi) que John Friends a pu « recevoir » toute la complexité de son système postural en seulement 48 heures et que Yogi Bhajan a pu « imaginer » plusieurs milliers de kriyas différents dans les dernières décennies de sa vie. C’est aussi dans un état de conscience extraordinaire que Krishnamacharya a rencontré son ancêtre Nathamuni et accédé à une archive « akashique » de postures à la base de son enseignement…

Alors merci à ce lobby, merci à tous les professeurs de « yoga » d’aujourd’hui et merci à vous, lecteur de ces quelques paragraphes !

Om Kriya Babaji Namah Aum
Solen A. Mukhande K.

Monday, February 28, 2011

"Vers une entreprise intégrale?"

Intervention de Solen A.M.K. à l'Université Intégrale (Club de Budapest) du 19 février 2011 à Paris sur les thèmes de l'entreprise intégrale et plus spécialement de la RSE en action, d'AlterEco et des Peuples Premiers:

"Je suis professeur de yoga chez AlterEco depuis 4 ans, je vois l’équipe une fois par semaine à l’heure du déjeuner, ce n’est pas un rdv associatif mais une pratique financée par l’entreprise elle-même. Les cadres sont libres de venir et tous ne viennent pas mais il y a un noyau régulier et impliqué formé par des personnes de différents départements. 

L’entreprise repose clairement sur des esprits individuels engagés et passionnés, ils revendiquent eux-mêmes qu’ils veulent « changer le monde » et qu’ils sont « militants du bonheur ». Je les ai vus accueillir personnellement chez eux des représentants indigènes que nous avons invités pour un événement média à Paris. Je les ai vus prendre des vacances et partir ensemble chez des petits producteurs pour participer au ramassage du riz… Je les ai rarement vus sans le sourire.


Des individus naissent une vibration, une pulsation collective qui rend ce qu’on fait trop vivant, trop sensé, pour qu’on puisse daigner l’arrêter. Si la vision originelle d’AlterEco plaçait l’entreprise dans un contexte d’emblée responsable et propice à sa pérennité, elle a dû et doit faire face à de nombreux réajustements et défis, venant notamment de la responsabilité sociétale en tant que telle qui est en évolution, défis que seule une attitude collective « missionnaire » peut supporter…

Aujourd’hui, AlterEco travaille notamment sur l’amélioration de son bilan carbone en développant des produits équitables de proximité, mais également sur une implication culturelle croissante pour faire évoluer les valeurs des consommateurs au Nord. Ainsi est né le Festival de musique AlterEco, l’événement « A l’écoute des Peuples amérindiens » ou encore en préparation, un événement destiné à éveiller les conscience relativement aux habitudes alimentaires.


L’idée particulière de l’événement « A l’écoute des amérindiens » est née pendant une séance de yoga alors que j’avais invité un guérisseur indigène à chanter pendant la relaxation. En état de réceptivité particulière, les participants ont été profondément touchés par la présence et la vibration de notre ami étranger.

Nous pouvons imaginer que les référentiels des peuples premiers sont basés sur des valeurs de respect envers la nature & toute forme de vie, dont nous manquons aujourd’hui pour développer des activités en harmonie avec nos écosystèmes. Cependant, AlterEco a choisi d’opter sur une attitude de complète innocence dans la rencontre du public avec les représentants indigènes – et de mettre en pratique ce principe de respect, d’une certaine manière, en appelant à s’ouvrir, à être « à l’écoute » de ce que les représentants auraient à nous dire.

Le principal message qui est ressorti de l’événement a été celui d’une nécessaire union entre les peuples : les représentants des peuples ont rappelé l’urgence de la situation planétaire et à partir de là, la nécessité de s’allier pour faire face à l’avenir. Comment travailler ensemble, avec ces peuples,  me direz-vous ? C’est une bonne question. Un des représentants amérindiens aurait dû être là aujourd’hui avec moi, ou à ma place pour vous parler au travers de ses chants, au travers d’un éclat de présence simple et vraie, mais il a été retenu par ses guides spirituels. Pouvons-nous comprendre cela ? Que le message de l’esprit, de l’intuition, du monde des anciens, des morts, de la voix des plantes, des animaux, des influences cosmiques puisse orienter et guider des comportements humains, soit dit en passant, comportements souvent plus responsables que les nôtres? Bref, comment travailler ensemble, en intelligence collective avec des shareholders de la biodiversité dont les sagesses, les systèmes de connaissance, les manières de voir, sont diamétralement opposés aux nôtres, comme deux cerveaux de l’humanité? Le chemin est long et épineux mais aussi délicieux… L’opposition est aussi une complémentarité…

Je crois que c’est le but de cette journée d’ouvrir les perspectives des possibles en ce qui concerne l’action entrepreneuriale collaborée à un niveau plus englobant. En tant qu’enseignante de yoga, je voudrais terminer en soulignant  que toute entreprise peut se transformer et évoluer. « Il n’y a pas de saint sans passé et pas de pêcheur sans futur. »  (Kriya Babaji) C’est-à-dire dire qu’à chaque instant, dans chaque situation, on a une opportunité unique de révéler le meilleur de soi et de servir l’épanouissement d’une plus grande harmonie. Apprenant à faire cela ensemble, on passe progressivement de notre conscience individuelle à la conscience universelle. C’est un chemin merveilleux de connaissance de soi, qui n’est pas seulement une morale arbitraire mais une mise en résonance exquise avec les lois de l’univers." 

Wednesday, January 5, 2011

Satisfaire toutes les parties


La recherche de satisfaction est au cœur du processus évolutif. Pourtant, tournée vers l’extérieur, cette quête a ses limites. Les yogis enseignent que même quand les ressources externes permettent de satisfaire le désir, un autre désir succède ou une peur se dessine, relative à la fin de la satisfaction du premier désir.
Alors devrait-on plutôt désirer ne plus avoir de désir (Yogi Bhajan). Ou distinguer clairement le désir, de l’aspiration (yoga classique) ; l’aspiration est, en somme, un désir d’élévation vers un plus haut idéal d’harmonie et de réalisation. Il s’agit d’un chemin d’une relative austérité où l’on apprend à se consacrer à son idéal, s’observer, discerner et se détacher de tout ce qui nous en éloigne. Une austérité que les Anciens promettent cependant garante d’un bonheur proportionnel.
Comment engager les différentes parties du corps, et les différents corps (physique, vital, mental, intellectuel et spirituel) sur ce chemin « aspirationnel », sans créer d’avantage de déséquilibre dans nos vies, voire de rupture intérieure – qui aboutirait inévitablement  à plus de souffrance, de mémoires encombrantes et de réactions avides d’attention ? L’ancienne tradition du yoga est un art scientifique précis, offrant un système complet d’outils, destiné à cet accomplissement progressif et diffus de notre plus grande satisfaction.
Les véritables pratiques intégrales de vie, comme la tradition originelle du yoga ou celles de certains peuples premiers, sont les racines profondes de l’évolution ; elles libèrent des forces incommensurables en transformant les individus, d’éléments « absorbeurs » en éléments indéfiniment rayonnants. De tels individus servent visiblement la pérennité des organisations auxquels ils appartiennent, leurs communautés, leurs écosystèmes, et notamment la survie de notre organisme commun, la Terre.

Monday, January 3, 2011

Corporate Tantra!

Corporate Tantra is a wise and macro worldview of corporate relation based upon the statement: « all parties are to be satisfied to get the best results of our partnership », all parties being:
  • all shareholders
  • staff, mind and body,
  • the Earth and all its realms
  • masculine, rational, analytic force and feminine, intuitive, geometric power
  • ...
TANTRA has longtime been veiled because it was going against the established rules of the Brahman. It has been reveled again by people like Harbhajan Singh, challenging all the rules he had been trained to, on behalf of his level of sensibility saying that "there were nothing to lose in this end of KALI YUGA" (KALI YUGA referring to times of dramatic conflicts and strain threatening humanity survivance).

Traditionally, tantric practices « interlock the psyche of the partners » to confront and uplift them. For instance, if you really want to partner consciously with the Earth and do true sustainable development, you may not sleep anymore as your psyche becomes saturated and hurt by mother Earth crying spirit…: you merge into confrontation with the depth of Her reality untill you find a way out. In a same desperate emotional comedy, employees are locked in the game with their boss, always asking for « more », even before the boss may think giving them « less ». Or we have the general common mechanism of creating intimate relationships upon the following behaviors: men running the race and women seducing, even if not consciously. Etc. Tantra is actually an obrigatory game of the Creation: we are all called to play with our polarities; the fact is that our psyche may remain trapped in its confrontation with the situation of Life, if no Mahan Tantric (tantric master) supervises it and channels it back out of its experience when needed.

Yoga practice has that role of Mahan Tantric: it makes you step out of the game to see if this is really valuable to keep up playing it the way you play it, however making you aware that quitting it definitely might not be the way to resolve it, neither actually something truely possible. It might give you new ideas to project your future... After 4 years of private yoga lessons, one of my students recently told me: I feel that I can do some things I couldn’t have done a few years ago. I mean about consciousness… About being present… For instance, in my organization, not seducing neither storming… It is about being silent actually.” JF says he is confronted to very difficult situations of management and that he learnt to let go so that he could step into a new chapter of action in his life. “It becomes clear that I have to quit my post now. There are so many simple things I don’t know how to do: buying a car, a grey card, using a computer, cooking… I have only given orders to others during all my life. I have much to learn now.” 

If JF's case is flowing and evolutive regarding his personal referential, it may be seen as a case of rupture from his corporation point of view. It is to limit such unavoidable cases of rupture and to support continuity in all the nets of social activity that TARA Yoga Partner campaings for Corporate Yoga, so that we all keep up with the confrontation game and find together the keys of its upliftment.

Wednesday, December 22, 2010

Yoga à l'UNEP

C’est un grand honneur de pouvoir enseigner le yoga au personnel de l’UNEP, organisation onusienne née d’une volonté inter-étatique de ne plus jamais retomber dans des processus auto-destructeurs comme ceux des grandes guerres du siècle passé. Non seulement la très ancienne sagesse de vivre du yoga est un outil remarquable pour servir le développement humain et il est précieux de pouvoir mettre son pouvoir au service d’une cause louable comme celle donnant corps à l’UNEP. La tradition du yoga peut également bénéficier de cette mise en relation, dans le sens d’une revitalisation et d’une revalorisation de sa fonction sociale et culturelle.

La vision du yoga comme celle de l’UNEP sont absolument audacieuse : elles concernent une synergie avancée de différentes parties - différents corps (physique, émotionnel, mental… au niveau humain) ou différents Etats (au niveau de la communauté internationale) - au service d’une manifestation évolutive parfaitement harmonieuse. Alors qu’une telle vision n’a encore jamais été véritablement incarnée au niveau planétaire, la tradition du yoga et l’exemple des sages qui l’ont portée en donne un avant-goût micro-cosmique.

Dans les Upanishads, il est suggéré que le véhicule du corps peut être parfaitement maîtrisé pour permettre à l’impulsion originelle de l’âme d’être manifestée. Qu’il en soit ainsi pour le corps de nos organisations internationales!