Thursday, May 19, 2011

Lettre ouverte suite à l'article de Meera Nanda paru dans le Courrier international d'avril 2011

Qu’est-ce que les yogis pensent de la revendication du lobby hindou américain sur le droit de propriété du yoga ? « Neti Neti ! Ni ceci ni cela ! »  Ce ne sont ni les brahmanes ni les diverses professeurs contemporains « certifiés » qui possèdent le yoga mais c’est Shiva ! L’être originel, primordial, dont la nature profonde est en nous… mais que nous ne sommes pas encore complètement ! Sinon ne pourrions-nous pas boire le poison du monde sans sourciller en dehors de notre état de grâce ?

Peut-être devrions-nous mieux nous entendre sur le terme de yoga… Si Patanjali n’a pas mentionné le détail des postures dans ses Sutras, c’est peut-être parce qu’elles étaient de bien moindre importance et possiblement variables en fonction des contextes et des étudiants, en comparaison avec les enseignements universels et fondamentaux qu’il souhaitait transmettre.

Dans les Yoga Sutra il est fait mention de la dévotion comme sorte de raccourci pour atteindre la conscience suprême de l’être originel. Je crois que c’est un point intéressant que soulève l’histoire de ce lobby hindou : sommes-nous dans un état de gratitude envers nos professeurs ? Et envers les professeurs de nos professeurs ? Et envers les professeurs des professeurs de nos professeurs ?

Sans gratitude et acceptation, la pratique des asanas peut être dangereuse et nous ne pratiquons pas un art de vivre complet et équilibré. Ce message est à mon avis primordial à intégrer alors que notre planète suffoque sous l’effet de nos désirs incontrôlables de transformation. Nous sommes tels des savants fous éternellement insatisfaits ou tels des adolescents reniant leur filiation et les conseils des plus Anciens.

En pratiquant les techniques avancées révélées plus ou moins clairement dans les Yoga Sutra, on peut être mis en relation avec une conscience supérieure capable de guider l’actualisation de nos pratiques plus physiques, selon notre stade d’évolution. Il me semble que c’est en s'approchant de ce genre d’absorption cognitive (samadhi) que John Friends a pu « recevoir » toute la complexité de son système postural en seulement 48 heures et que Yogi Bhajan a pu « imaginer » plusieurs milliers de kriyas différents dans les dernières décennies de sa vie. C’est aussi dans un état de conscience extraordinaire que Krishnamacharya a rencontré son ancêtre Nathamuni et accédé à une archive « akashique » de postures à la base de son enseignement…

Alors merci à ce lobby, merci à tous les professeurs de « yoga » d’aujourd’hui et merci à vous, lecteur de ces quelques paragraphes !

Om Kriya Babaji Namah Aum
Solen A. Mukhande K.